Laver les bouteilles ?!
C’est un drôle de choix quand on y pense ! On aurait pu faire tellement plus simple, comme toutes les brasseries, ou presque, et acheter des palettes de bouteilles neuves, et PROPRES surtout !
Mais ce serait bien mal nous connaître.
C’est moi qui prend la plume pour vous expliquer pourquoi Greg, enfin , le Professeur Lacto je veux dire, passe une très grosse partie de la semaine à laver des bouteilles, bien plus qu’à les remplir!

Au départ
A la base, il y a l’envie de faire une entreprise respectueuse de l’environnement, avec peu de moyens, peu d’investissements, un modèle économique peu gourmand mais fiable. De ce fait là, la consigne s’est imposée d’elle même. Mais comme on aime pas faire les chose par simple conviction, on a quand même vérifier que cela était tenable, pas juste logique, mais écologiquement un bon choix.
Moi,en couture, l’argument de l’eau, je l’entends constamment: « mais si je lave mes mouchoirs au lieu de les jeter, j’utilise de l’eau, alors c’est pas écolo ! » Alors que c’est faire fi de toutes l’eau utilisée en amont pour la fabrication ET par la suite pour le traitement des déchets.
Avec le verre, on pourrait avoir le même réflexe, se dire que c’est pas grave, le verre, après tout, ça se recycle, et plutôt bien même ! Selon l’ADEME, il serait recyclable à l’infini! Oui…… mais non ! Pour recycler le verre, on va avoir besoin de nouvelles matières premières et ça, on vous le dit rarement !

Le cycle du verre
Premièrement, pour être recyclé le verre doit être renvoyé dans une usine pour être fondu. C’est un premier trajet qu’il faut compter dans l’impact carbone du recyclage. Il y a actuellement 5 usines en France qui fondent le verre. https://fr.enfglass.com/directory/plant/France
Pour être recyclé, le verre doit être fondu à des températures extrêmement élevées, aux alentours des 1 500°C. Cette fusion nécessite une grande quantité d’énergie. (et on estime à 12% la quantité de verre qui ne va pas pouvoir être refondu). On obtient ainsi des calcins de verre. Ils vont composer une partie du verre utilisé pour refaire une bouteille.
Pour comprendre le rôle du recyclage et des calcins obtenus par la fonte des bouteilles jetée au « CUBOVERRE », il faut savoir comment est fabriquée une bouteille en verre ? Je vous copie le texte du très intéressant site : https://www.ponteurope.com/fr/bouteille-en-verre/ que vous pouvez consulter en complément. C’est parti :
Le verre est un matériau produit à partir de matières premières naturelles. La fabrication d’une bouteille en verre s’obtient à partir d’un mélange de sable, précisément de silice, à plus de 70 %, de soude sous forme de carbonate de sodium et de calcaire qui ont pour fonction de faciliter la fonte de la silice. Des additifs sont également ajoutés en fonction de l’usage qui est fait du verre : du magnésium pour le rendre plus résistant, de l’oxyde de fer pour obtenir une teinte verdâtre…
A ce mélange et à l’eau est ajouté du calcin, des débris de verre provenant des déchets de fabrication ou de la collecte sélective. Le calcin utilisé par les grossistes de bouteilles en verre a plusieurs fonctions. Il permet d’éviter le gaspillage par la valorisation des déchets et d’économiser sur les matières premières prélevées dans la nature. Cependant, la production à partir de verre recyclé nécessite au moins 20 % de matières premières nouvelles. L’utilisation du verre recyclé permet également de réaliser des économies d’énergie car le calcin fond à des températures sensiblement inférieures à celle de la silice et par conséquent l’ajout de fondants devient superflu. L’industrie française du verre s’est lancée dès 1974, dans une véritable politique de recyclage du verre. En 2015, le taux de recyclage s’élevait à près de 75 %. La fabrication d’une bouteille répond toujours à un process rigoureux et fait l’objet de multiples contrôles qualité. Les fabricants de bouteilles en verre commencent par faire fondre le mélange de matières premières et calcin, en continu dans un four à 1500°. Entre l’entrée du mélange et la sortie du verre en fusion 24 heures s’écoulent. Le verre en fusion est ensuite acheminé via des canaux dans des machines de formage. Un filet de verre en fusion est découpé en gouttes, déposées dans un moule où l’on procède au soufflage ou au pressage. Pour garantir la solidité des bouteilles en verre, celles-ci sont réchauffées puis refroidies progressivement dans une arche de recuisson. Les qualités de chaque bouteille en verre, qu’il s’agisse de bouteilles de bières vides ou de récipients destinés à contenir un autre produit, sont vérifiées dans des machines de contrôle. Les grossistes de bouteilles en verre vérifient ainsi la qualité du bouchage, l’épaisseur du verre, ses dimensions…. Les bouteilles ne présentant pas toutes les qualités requises sont refondues. Pour l’expédition, les bouteilles en verre sont conditionnées sur des palettes. Certaines bouteilles peuvent être décorées avant de recevoir le liquide : vin, bière, eau.
On comprend alors, que malgré notre volonté de bien faire en déposant nos bouteilles au recyclage, il faudra TOUJOURS de l’énergie (et pas qu’un peu), des matières premières, et de l’EAU, pour refaire une bouteille neuve ! Je m’étais arrêtée au transport de notre container à l’usine de fonte, mais nos calcins reprennent le camion pour arriver aux usines de fabrication! Ils n’ont pas finit leur route !
Une fois le verre fabriqué, ils sont conditionnés par palettes, parfois pour partir être gravés, parfois non, et envoyer partout où on en a besoin: chais, brasserie, etc ….

Le retour de la consigne !
Une fois qu’on a toutes ces données, on se dit que quand même, la consigne, c’était peut être pas si mal. Ramener sa bouteille vide là où on l’a achetée pleine, pour qu’elle soit lavée et réutilisée, cela évite quand même bien des trajets et des énergies consommées pour pas grand chose. Parce que votre bouteille, quand elle n’a été remplie qu’une fois, mérite-t-elle vraiment d’être cassée et fondue ?
Encore une fois je vais piquer le travail d’un autre, mais c’est tellement bien expliqué. Je vous copie donc un extrait de l’article de ce site : https://www.lefourgon.com/blog/recyclage-verre-france à propos de avantages de la consigne:
- Ce système permet de réduire la quantité de déchets qui sont enfouis ou incinérés. Grâce au réemploi, plus de déchets car vos contenants sont réemployés.
- Le réemploi permet aussi de préserver les ressources naturelles, en évitant de devoir extraire de nouvelles matières premières pour fabriquer de nouveaux produits.
- La consigne permet de réduire la pollution liée à l’élaboration de nouveaux produits et emballages jetables.
- Contrairement à une bouteille recyclée, une bouteille consignée permet d’économiser 79% de CO2, 33% d’eau et 75% d’énergie.
Et à nous, il fait faire de sacrée économies ! Même en comptant notre facture d’eau, qui en ferait pâlir certains ! En ajustant notre système de lavage, nous avons même réussi à baisser les factures entre 2023 et 2024 !
Les étapes de lavage à la brasserie du Professeur Lacto :
- trempage dans des eaux grises (eaux qui ont déjà servi à nettoyer des bouteilles) pendant environ 24h = nettoyage mécanique
- grattage des étiquettes persistantes (les nôtres sont collées au lait, beaucoup plus simples à retirer !)
- nettoyage interne au goupillon (elles sont alors propres, du moins à l’œil nu)
- deuxième nettoyage interne et externe à l’eau chaude et produit nettoyant (eau + nettoyant qui va resservir ensuite au premier trempage) = nettoyage chimique
- rinçage à l’eau claire
- désinfection interne au percarbonnate avant mise en bouteille
Alors on a pas mis en place de paiement de la consigne, on a appelé ça de la consigne INCITATIVE ! On vous encourage à jouer le jeu en nous rapportant vos bouteilles vides. On a fait un tableau et quand vous avez ramené 10 bouteilles , petites ou grandes, on vous offre une petite bière. Vous êtes quelques uns à être tellement convaincus par ce système que nous ne réclamez même pas votre cadeau!
Et puis sur la récupération des bouteilles, étant donné qu’on en a jamais acheté, on récupère aussi les bouteilles qui ne sont pas encore passées chez nous.
On récupère quoi ?
Le GRAAL, pour nous , ce sont les bouteilles à bouchon mécanique (pas besoin d’acheter des capsules). Idéalement les 65cl, 75cl, et les 33cl. Mais on aime aussi les formats plus originaux, on trouve toujours quelque chose à mettre dedans, comme celles-ci en 50cl par exemple!

Les bouteilles de bières des concurrents sont les bienvenues aussi, tant qu’elles se capsulent ! Et de ce fait , on récupère aussi les bouteilles de Vouvray, de Cidre, Limonades , de pétillants et tout genre ! Côté contenant, pareil; on récupère tout à partir de 25cl, jusqu’à 1 litre !
Celles qu’on ne peut pas récupérer !

Typiquement, et on est désolés pour eux, mais on ne récupère pas les bouteilles de Goudale, et toutes celles qui ont des bouchons en liège ! Elles ne tiennent pas la pression , à moins de remettre un bague en métal, mais nous ne sommes pas équipés pour.
D’autre part, certaines étiquettes sont vraiment très difficiles à retirer, même après trempage, c’est souvent le cas des bières artisanales dont les étiquettes sont en fait des autocollants. Vous pouvez essayer de voir si elles de décollent bien ou pas.
Enfin, on ne peut pas non plus récupérer les bouteilles gravées avec la marque de la Brasserie dessus ! On a pas le droit, et puis, je ne suis pas certaine que cela nous ferait de la bonne pub ! En exemple les bières Desperados, qui en plus d’avoir la marque gravée , ont l’étiquette encrée dans le verre ! Recyclage impossible !!!!

Quoi qu’il en soit, si vous avez un doute, vous nous ramenez vos bouteilles, et on fera le tri nous même !
EN 2023, C’est environ 3000 bouteilles qui ont été remises en circulation par la Brasserie du Professeur Lacto ! Grâce à vous !!! Alors un grand MERCI de jouer le jeu, et de nous aider à réduire notre production de déchets !!!